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Vamos a Bolivia! Le Blog
18 octobre 2011

Tipnis et Santa-Cruz

Le mardi 27, nous avons donc refait nos bagages. Le soir, dernier repas ensemble avec Syl. et sa famille. J'ai fait des crêpes qui ont été faciles à cuire. Je me méfie, depuis ces gâteaux qui refusent de cuire à 3500m.! Après le repas, E. a dit: " Au fait demain, je ne peux pas aller à l'école, il y a grève des transports."  Ah bon , mais alors nous ne pouvons pas non plus nous rendre à l'aéroport? Quand les Trufis ne marchent pas, les taxis qui circulent se font bombarder de jets de pierres pour manque de solidarité. Syl. a téléphoné à la compagnie de taxis pour demander jusqu'à quelle heure ils circulaient: 5h 30. Alors on a réservé un taxi pour 5h 30 bien que l'avion ne soit qu'à 8h45... Ça nous a fait une bien petite nuit.... le taxi était pile à l'heure, on s'est dit au revoir (sûr qu'on va se revoir!) et nous avons une dernière fois traversé La Paz dans la nuit scintillante de mille lumières et pour une fois pas encombrée de circulation.

Le jour pointait et on avait une vue magnifique sur l'Illimani tout brillant dans la clarté du matin. On avait beaucoup de temps à l'aéroport et pourtant ça a quasiment tourné à la panique. Enregistrement à 7h 30. On se dit qu'on a encore le temps de finir tranquillement notre Coca-Cola, et la prochaine fois qu'on regarde le tableau d'affichage, l'embarquement est "closed". On court, on passe les contrôles, dans l'affolement, Jo. ne sait plus où il a mis les cartes d'embarquement. On finit par les retrouver. La porte 6 est déjà close, on fonce sur la 7 et on court sur le tarmac. Deux employés nous font signe :par ici! Ils nous font entrer dans un hangar. Ils ont ouvert notre sac commun qui contient les cadeaux et le matériel artistique de Jo. Ils pensent que dans les poudres de couleur, il y a... de la cocaine, peut-être? Un mec en profite pour confisquer le réchaud à essence que Jo. avait emmené, vide, évidemment. Au départ, il avait demandé si c'était possible et il n'y avait eu aucun problème. Alors il se met dans une colère noire, c'est mon réchaud, j'en ai besoin, vous ne pouvez pas me le prendre. Moi, je panique parce que l'avion va partir. Finalement, on abandonne car on sait qu'on n'aura pas raison. On court vers l'escalier qui monte vers l'avion, nous sommes les derniers et l'avion décolle... avec un quart d'heure d'avance... cela ne m'était encore jamais arrivé.

Au début, on survole de magnifiques sommets enneigés, puis le bassin de l'Amazone, tout plat et vert sombre avec les méandres infinis de grandes rivières qui serpentent. Arrivés à l'aéroport de Santa-Cruz, Jo. ne se tient pas pour battu et se rend au bureau d'Aerosur pour formuler ses réclamations. Malheureusement, le personnel d'Aerosur a des connaissances très limitées de l'anglais. Quand Jo. réclame: they stole my cooker, I want my cooker back, l'employé, perplexe comprend: They stole my coca, I want my coca back! et demande "des feuilles de coca?". Quand le malentendu est dissipé tout le monde rigole, sauf Jo. qui tenait vraiment à son cooker, mais on sait bien à présent qu'on ne le reverra plus.

Syl. nous a réservé une chambre à l'hôtel Maria Magdalena, nous prenons donc un taxi de Viru-Viru vers la ville. Il fait très chaud et une brume assez épaisse voile le soleil, un choc après le matin frisquet de La Paz. La ville semble plus riche que Cochabamba ou la Paz, plus d'industrie, plus de commerces. Des palmiers partout, et de la chaleur comme une chappe de plomb. La réception de l'hôtel est un bâtiment sombre et bas où tournent les pales d'un ventilateur. Après un petit jardin et une piscine sur la gauche, les chambres sont au fond de la cour. La nôtre est sombre et grillagée contre les moustiques, au plafond il y a aussi un ventilateur. Au début, ça fait du bien d'avoir enfin chaud, de se débarrasser des t-shirts à manches longues et des lourdes chaussures. Mais très rapidement, on n'a plus guère envie que de rester sous la douche ou dans la piscine. Deux chats magnifiques, un blanc et un tigré se roulent dans la poussière et observent les baigneurs dans la piscine.

Plus tard, nous sortons pour trouver le centre-ville. Il y a une place du 24 septembre qui rappelle celle du 14 septembre à Cochabamba, mêmes palmiers, mêmes bancs, mêmes flaneurs, mêmes discussions, même église sur un des côtés de la place. Un vent très chaud souffle avec violence, on se croirait dans un sèche-linge. En même temps que nous, arrive une manif: contre la construction de la route à travers le Tipnis... ce thème nous aura accompagné tout au long de ces deux mois. Apparemment , il y a eu des violences ce jour même entre la police et les manifestants, avec plusieurs blessés. On peine à comprendre pourquoi le gouvernement se montre si violent avec les Indigènes, on murmure qu'il n'y a pas de solidarité entre Indigènes des hauts plateaux et Indigènes de l'Amazonie. Devant l'église, des tentes sont installées où sont allongés des grévistes de la faim et où des gens les soutiennent et collectent de la nourriture pour ceux qui participent à la marche vers La Paz.

Une série d'affiches très bien faites proteste contre la construction de la route, les gens discutent avec animation, la télé, la radio sont présentes et relatent les événements. Sur la place, un poteau en bois sur lequel est gravé: "pour un gouvernement indépendant". Les drapeaux ont ici une couleur différente, verts et blancs. Ici, pas de doute, les gens ne sont pas enthousiasmés par le gouvernement d'Evo (pas de "Evo te quiero"!) et la lutte contre la construction de la route est sans doute une bonne manière de contester l'autorité gouvernementale. Il y a un ou deux ans, le département de Santa-Cruz avait tenté sans succès d'obtenir son autonomie. Nous sommes là pour trop peu de temps pour vraiment comprende la situation, mais on sent tout de suite qu'on a quitté les hauts plateaux et le soutien inconditionnel à Evo.

Nous trouvons un joli petit café au coin de la place, un peu la même situation que le café Paris à Cocha. et ô merveille, il y a la clim, moi qui en général déteste ça, je suis vraiment contente de sortir du four pour rentrer dans le frigidaire. On a mangé une truite, pas aussi bonne qu'à Copacabana, et sans l'accompagnement copieux frites et riz.Ici, juste trois feuilles de salades et trois petites pommes de terre. Cette ville ne ressemble pas à une ville de plus d'un million d'habitants. Ses petites rues toutes bordées d'arcades abritant du soleil ou de la pluie font provinciales. Il n'y a pas de feux rouges à la plupart des carrefours et c'est d'autant plus étonnant de voir comment se croisent les voitures sans qu'il y ait de tôle froissée. Un soleil rouge s'incline dans la brume à l'horizon, j'imagine la savane à l'heure où les lions vont boire...

A l'hôtel, je dors sous les pales tournantes du ventilateur, une serviette mouillée collée sur le corps, rêvant à "Casablanca" et au "Salaire de la peur". Je n'avais jamais trop compris pourquoi c'était dur de survivre sous les tropiques, pensant toujours que le chaud et l'humide, c'est ce qu'il y a de mieux. Maintenant, j'ai compris à quel point cela peut  être épuisant...

La prochaine fois: le retour!

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Commentaires
Z
mort de rire! c'est trop drôle cette histoire de cooker (vu de loin)<br /> Merci pour ce beau récit de voyage, ça m'a toujours fait plaisir d'ouvrir la page et de suivre votre périple ! <br /> Et maintenant, j'ai quand même hâte de voir les photos :)
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